" Chère Charlotte,Si je t'écris cette lettre aujourd'hui, c'est pour éviter à Cole d'entendre ce qu'on pourrait se dire au téléphone. Si tu as cette lettre, c'est que pour moi, c'est fini et que je compte sur toi pour veiller sur mon fils et lui permettre de rencontrer et de connaître son père.
À l'heure actuelle, la maladie progresse plus rapidement que prévu et gagne tous les jours un peu plus de terrain. Ce combat sera le dernier pour moi. Je sais que je vais le perdre. Je sais maintenant que je n'aurais jamais dû quitter Ottawa … Mais je ne pouvais rester. Je ne pouvais imposer à Will un enfant, il avait un autre chemin à suivre avec toi notamment.
Prends soin de mon fils. Il ne sait rien de qui il est, je compte sur toi.
Ton amie Léa
Ps : un double de cette lettre est confié à un avocat qui la lira à Cole après ma mort. » Londres aujourd’hui:J'étais assis face à face à l'avocat de ma mère dans son bureau. Il venait de me lire cette lettre où je comprenais avec crainte ce qui allait advenir de moi maintenant. Ma mère est décédée, il y a à peine une semaine et l'enterrement a eu lieu hier, les services sociaux sont déjà là, et maintenant, l'avocat m'explique que j'hérite de tout, c'est à dire rien au final. Mais le pire est que je quitte Londres pour Ottawa, rencontrer des gens dont je ne sais rien. Le seul point positif : pour la première fois de ma vie, je prends l'avion.
A l'aéroport d’ Heathrow, une hôtesse m’a pris en charge avec deux autres mineurs, et m’a mis un badge autour du cou, puis avant tout les autres, on monte les premiers dans l’avion. Les deux autres enfants, de 12 et 13 ans, sont assis côte à côte, ils sont frères et sœur de ce que j’ai compris. L’hôtesse me dit qu’elle va prendre place à côté de moi pendant le vol si je veux. Mais ce que je veux, c’est mettre mes idées au clair ce que je ferais une fois au-dessus de l’océan Atlantique, le regard perdu dans cette masse de coton blanc que je vois par le hublot. J’ai 7 heures devant moi.
Plus de seize ans auparavant :
Ottawa, Léa Cooper est une jeune Anglaise venue vivre avec ses parents au Canada, depuis environ dix ans maintenant. Elle est bien intégrée, elle-même devenue la chef des Chearleaders de son lycée et sort avec le capitaine de l’équipe de basket-ball, quel cliché. Will et Léa se font envier par de nombreuses personnes. Ils auraient pu vivre une longue et belle histoire surtout avec leur amie Charlotte présente depuis le début. Mais Will et Léa décident de sauter le pas et la jeune femme se retrouve enceinte, cette dernière paniqué comprend que son homme, ne se voit pas devenir père et voit qu’il est promis à un autre avenir, elle fuit donc vers Londres où elle est recueillie par sa tante. La, elle suit des cours par correspondance, elle reste en contact avec Charlotte lui faisant promettre de ne pas dire à Will où elle se trouve: ce dernier serait capable de venir la rejoindre.
Neuf mois, plus tard, je montre le bout de mon nez et viens au monde. Je suis le rayon de soleil de ma mère. Les premières années de ma ville sont formidables, mais tout ne dure jamais. Effectivement vers mes trois ans, mes grands-parents sont à New-York quand un drame survient.
Enfance Londonienne :
Les corps de mes grands-parents morts dans un grave accident de la route sont rapatriés à Londres pour être mis en terre avec les autres membres de la famille. C’est un coup dur pour ma mère. Ma tante décède deux ans plus tard, ma mère et moi, nous retrouvons seuls au monde, après avoir une vie décente, nous tombons dans une précarité dure. Ma mère trouve un petit job de serveuse dans un restaurant et vit dans un petit logement médiocre, on gagne juste pour manger, et bien souvent ma mère se prive pour moi.
On n’a pas suffisamment d’argent pour me mettre à la cantine. Mais malgré ma situation, je ne me découvre pas mauvais à l’école ce qui réjouit ma mère qui me prédit un grand avenir. Mais j'ai qu’un ami, un gars costaud qui me défend devant d’autres enfants qui m’insultent en me traitant « D’orphelin sans sous ». Ils n'ont pas vraiment tort, mais ça ne fait pas plaisir à entendre.
La rue devient mon terrain de jeux, je trouve des amis dans les gamins des rues ou des prostitués. Je vis dans les bas-fonds de la ville. J’ai eu une enfance pas des plus heureuse, mais bien moins triste qu’il n’y parait. Faisant preuve d’une grande imagination, je me réfugie dans un monde que je me crée, malgré l’amour de ma mère, l’absence d’un père me pèse.
Malheurs a Londres :J’ai treize ans, notre situation c’est un peu améliorée. Je travaille comme livreur de journaux, je ne gagne pas une fortune, mais j’apporte ma pierre à notre foyer. Ma mère a trouvé un métier plus lucratif dans une laverie de la ville et fait des ménages chez des personnes ayant les moyens. On ne peut pas déménager, mais notre logement ressemble moins à un taudis désormais. Depuis ma mère et moi pouvons enfin manger à notre faim. Ce qui me touche le plus c’est Noël. Pas d’arbre, pas possible et en guise de cadeaux, j’ai droit a des chocolats, une petite boite c’est tout ce qu’on peut se permettre. Pour ma mère c’est une carte de ma confection faite à l’école. Pour ma mère je suis une priorité absolue. Mais je ne suis pas malheureux loin de là, j’ai une maman présente pour moi.
Mais je ne suis pas aveugle, je vois bien qu’elle est malade et que sa santé se dégrade, et ce n’est pas les infiltrations dans notre logis qui ne vont l’aider. Je la supplie d’aller consulter, mais elle refuse n’ayant pas confiance aux médecins et surtout vu le prix pour consulter et le coût des soins. Au début elle arrivait à se débrouiller, et moi je continuais à aller en cours, mais au fur et à mesure des mois je deviens de plus en plus absent, ma mère perd son emploi. Payer notre logis des bas fonds de Londres est de plus en plus problématique, la santé de ma mère se dégrade à vitesse grand V. Je ne vais plus en cours pour aider ma mère et fais des petits boulot à droite et à gauche: tondre des pelouses, sortir les chiens, d’éventuels baby setting… Mais ce qui devait arriver arriva et on dû quitter notre foyer, faute de pouvoir payer le loyer. C’est alors une lente descente en enfer, vivant de refuge en refuge, mais la santé défaillante de ma mère lui interdit l’accès à des centres de refuges. Les hivers sont froids, secs et rudes dans les rues londoniennes qui sont devenues notre maison. On est sdf et il n’est pas toujours aisé de trouver à manger, on doit se cacher de la police et des services sociaux pour ne pas être séparés.
Mais un couple chez qui ma mère travaille se fait notre bienfaiteur, un avocat qui nous recueille chez lui et force ma mère à consulter. J’ai quinze ans, et on lui diagnostique un cancer de stade 4 généralisé et en phase terminale, elle finira six mois plus tard dans son sommeil alors que je la veillais. Trois jours plus tard elle est mise en terre Londres auprès de ses parents, et moi, je suis confié aux services sociaux.
Ottawa aujourd’hui :
L’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport canadien. Je suis à la fois impatient, stresser, curieux et très malheureux, l’avocat a dit que j’allais rencontrer une grande amie de ma mère, et surement mon père, cela me fait un peu peur. Comment ils sont ? Vont-ils vouloir de moi ? Un nouveau monde s’ouvre à moi, je ne connais rien du Canada, je suis dans le terminal, à attendre une personne qui doit me récupérer, j’ai tellement de choses en tête.