Cole post 25

Je n'étais pas du genre à agir de la sorte, me donner en spectacle et dans le théâtral. J'étais pudique, discret et normalement en pleine maîtrise de mes émotions. Mais là, je fus submergé par une vague, un tsunami que mon sang-froid digne d'un Anglais n'eut d'autres choix que de céder, balayant sur son passage ma carapace.   

Dans les bras de mon père, je réussis à reprendre le contrôle sur moi-même, essuyant mes larmes d'un revers de la main, ma voix reprenant son timbre normal. J'inspire un grand coup et avec l'aide de William, je me remets sur pied. J'avais émis l'envie de retourner chez nous. Je sais qu'on est loin du week-end qu'il avait imaginé pour nous, mais c'était ainsi.

Je n'avais pas encore répondu à sa demande, lui raconter ma vie londonienne. La première fois, j'ai flanché, mais pas cette fois. M'approchant d'une fenêtre, je fixe mon regard sur l'horizon. Je ne vois pas les bâtiments, le ciel et la ville devant mes yeux, non. Je revois mes souvenirs de mon passé :

" Il faut que tu saches que maman fut toujours présente pour moi, si elle bossait dur. On n'a pas vécu dans le luxe, on n'avait pas une vie rêve, mais on était tous les deux."            

Je lui dit tout, notre taudis que maman avait réussi à rendre un peu plus chaleureux et accueillant, sans y mettre un penny. Le fait que je mange à ma faim, même si ma mère a dû parfois se priver de manger. Mes vêtements, se résumant, a un tee-shirt éliminé, un vieux pull en laine défraîchi, un pantalon ayant clairement fait son âge. Les moqueries des gens. Le fait de chercher de quoi se nourrir dans les poubelles de certains restaurants. Et l'humiliation, le froid, puis la maladie et la mort.

Je ne lui ai rien caché de ce que je savais, car ma mère a dû emmener certains secrets dans sa tombe, mais lesquels. Mystère. Me retournant vers mon père, inquiet, je lui dis :            

" Et maintenant ? Tu vas me renvoyer. Je ne suis pas et ne serai jamais le fils que tu es en droit de vouloir. J'ai aidé maman a volé. J'ai menti…"  

Je le regarde en attente d'une réponse de sa part. Mais une question me tourne dans la tête, qui va devoir tout dire à Charlotte lui ou moi. Mon regard interrogateur est clair. Il n'y pas de places au doute, si c'est moi, son soutien serait le bienvenu.