Charlotte ne savait pas quoi faire et les mots ne venaient pas naturellement. Elle se sentait idiote, mal à l’aise, nauséeuse presque. Trop de culpabilité, trop de pression, trop de mensonges… Elle qui était toujours honnête, toujours un rayon de soleil, la voilà dans les bas-fonds de son âme à se sentir noyée. Si seulement Léa avait eu le courage de rester, si seulement Will avait réussit à les retrouver ! Elle n’aurait peut-être pas eu toutes ces années de bonheur ni même Alice mais… Mais qu’était son bonheur face à celui de cette famille déchirée par le destin ? Charlotte avait l’horrible impression de s’être interposée entre deux âmes sœurs, l’impression d’avoir gâché égoïstement trois vies et c’était un fardeau abominable dont elle n’avait jamais réalisé l’ampleur avant aujourd’hui.
« D’accord alors, je vais tenter de lui parler quand il déposera Alice et nous aviserons en fonction de sa réaction. »
Sourit-elle bien que son visage ne montre pas un enthousiasme remarquable. Parler à Will oui… Mais comment ? Pour lui dire quoi ? C’était une situation plus que compliquée et Charlotte avait l’impression de suffoquer… Léa, pourquoi ?! Surtout que la suite ne l’aida pas à se sentir mieux.
« Officiellement, tu es sous ma responsabilité donc, qu’il veuille de toi ou non, tu pourras rester ici. » Expliqua-t-elle bien qu’incertaine de la réelle marche à suivre si jamais LUI ne voulait pas rester… « Mais j’imagine que, si tu veux retourner en Angleterre, nous pourrons trouver une solution. »
Ajouta-t-elle, consciente que le jeune homme pouvait préférer revenir chez lui avec ses proches plutôt que d’être perdu ici avec un père qui pourrait ne pas vouloir de lui.
« Après… Je ne pense pas que Will refuse de te voir. Il vous a cherché longtemps et il était prêt à prendre ses responsabilités même s’il n’était pas prêt à devenir père… » Avoua-t-elle en se pinçant la lèvres, toujours aussi coupable. « Il sera sûrement choqué et ça prendra peut-être du temps mais je ne suis pas très inquiète, c’est vraiment quelqu’un de bien quoi que tu puisses en penser. »
Même s’ils n’étaient plus ensemble à l’heure actuelle, il était le père de sa fille et Charlotte savait qu’il était un homme responsable et généreux, surtout maintenant. Il avait fait des erreurs étant jeune mais qui n’en avait pas fait ? Au fond, Charlotte ne doutait pas une seule seconde de sa réaction et elle savait qu’il accepterait de reconnaître son fils et de l’aider, tout comme elle savait qu’il serait dévasté par la mort de Léa… Dur pour elle mais bien pour Cole, le choix était vite fait. Sainte Charlotte….
Quoi qu'il en soit, l'atmosphère s'allégea légèrement entre cette première impression et le jour où Will devait passer pour déposer Alice. Comme convenu, Cole allait rester dans la chambre pendant que Charlotte passait à la casserole... L'idée ne l'enchantait guère mais c'était pour le bien du jeune homme et pour la mémoire de Léa. Après tout, Will avait le droit de savoir et les choses ne pouvaient pas si mal se passer n'est ce pas ? Comment ne pouvait-il pas être heureux de savoir qu'il avait un fils merveilleux de son premier amour ? Mais savait-il seulement pour sa mort ? Le cœur de la pâtissière était à deux doigts de l'implosion quand son mari frappa à la porte et c'est avec une main presque tremblante qu'elle ouvrir la porte.
« Hey ! »
Lança-t-elle, soulagée de recevoir la fusée Alice entre les bras pour se donner un peu de courage et pour rendre son sourire moins mal à l'aise. La pauvre jeune femme se sent presque défaillir tant ses jambes semblent soudain s'être transformée en coton... Courage Charlotte, courage ! Pour Cole ! Et pour Léa aussi !
« J'en connais une qui s'est bien amusée ! » Lança-t-elle, la petite toujours dans les bras alors qu'elle allait vers la cuisine après avoir invité Will d'un petit signe de la tête, le cœur en vrac. « Tout s'est bien passé ? »
Demanda-t-elle, essayant de se ressaisir pour ne pas foirer... C'était un gros morceau, il lui fallait être pleinement en possession de ses moyens pour le lâcher... Respirer, rester calme... Attendre un peu... Après tout, il n'y avait pas le feu !