June avait préféré laisser un peu leurs problèmes de côté. Après tout, à quoi cela servirait d’en parler encore et encore? Comme l’avait dit la pharmacienne, ils ne pouvaient rien faire d’autre qu’attendre encore un peu. Le verdict n’était pas encore là, ils pourraient très bien reprendre cette conversation lorsqu’ils seront sûrs qu’effectivement June était enceinte. En attendant, elle avait eu envie de parler d’autres choses et de profiter de la présence de Cole auprès d’elle. Elle lui en était vraiment reconnaissante pour sa façon d’agir avec elle et s’estimait heureuse d’avoir le privilège d’être sa petite amie. Avec lui, elle savait qu’elle pouvait être elle-même et non jouer un jeu comme elle le faisait au lycée. Cela en surprendrait sans doute plus d’un qu’elle puisse être sensible et attentionnée, entre autres, et pourtant. Seul Cole avait eu l’occasion de voir qu’elle pouvait être totalement vulnérable, malgré sa carapace de jeune fille que rien ne touche. Elle avait cependant suffisamment confiance en lui pour savoir qu’il ne trahirait pas ce secret et se sentait particulièrement bien avec lui. Il avait le don de l’amuser intérieurement, surtout quand, comme avec le fait qu’il ne sache pas qui était Mère Gothel, elle avait l’impression qu’elle avait tout à lui apprendre, comme à un enfant, mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Au contraire. Elle n’avait cependant pas pu retenir un petit rire en relevant la tête dans sa direction pour croiser son regard.
“ Tu ne connais pas Raiponce, de Disney? La fille aux cheveux longs et magiques? Bon, je te l’accorde, c’est plutôt un film destiné aux petites filles plutôt qu’aux garçons, mais, fan de Disney, je pense que je t’en ferais regarder quelques uns quand on voudra un moment télé tous les deux. Mère Gothel, pour tout de dire, c’est une femme qui a enlevée Raiponce à ses parents pour profiter de sa chevelure magique qui la faisait rajeunir. Et pour pouvoir la garder auprès d’elle, elle l’a enfermée dans une tour sans jamais la laisser sortir. Voilà le rapport avec moi: j’espère que mes parents ne vont pas décider de m’enfermer à double tour dans ma chambre sans plus me laisser le droit d’en sortir après ça. Mes parents sont adorables, mais deux papas protecteurs comme les miens, je sais jamais comment ils pourraient réagir. Je verrais bien. Ca doit être sympa l’Angleterre, sinon. Perso, j’ai un concours de danse qui arrive pour les grandes vacances. Noah, mon meilleur ami, va arriver juste après les examens, histoire qu’on puisse s’entraîner tous les deux. Ca sera aussi l’occasion pour moi de te le présenter, si tu veux. “
Elle était sûre qu’ils pourraient très bien s’entendre tous les deux. Et si tel était le cas, ça serait vraiment génial car les deux comptaient autant l’un que l’autre pour elle. Différemment, certes, mais elle serait bien incapable de choisir entre son amitié pour Noah et ses sentiments pour Cole. Elle comprenait bien que pour Cole, les fêtes ça pouvait avoir quelque chose de déroutant, mais elle s’empressa de le rassurer avec un sourire.
“ T’inquiète pas, y’a tellement d’invités en général à cette fête qu’on pourra facilement éviter Julian et les autres. Et je t’assure, même si tu n’es pas invité, tu peux venir sans problème. Noah vient chaque année avec moi depuis que je suis au lycée, et pourtant, Liam ne le connaît pas et ça ne le dérange pas. Et puis, je te rassure, si on officialise notre couple au lycée, il s’attendra bien à t’y voir. Ca va être super, tu peux me faire confiance. “
Après, s’il ne voulait vraiment pas, elle n’allait pas insister, il avait tout à fait le droit de refuser. Mais ça lui ferait quand même plaisir à elle qu’il vienne, et ça, elle n’allait pas le cacher. Elle allait poursuivre sa conversation à ce sujet, quand Cole lui proposa de changer d’endroit. Bien qu’elle s’y sente bien, elle accepta sa proposition et tout deux repartir, June suivant les pas de Cole, ne sachant pas trop où il voulait l’emmener. Elle n’avait pas fait vraiment attention à ce qui se passait autour, profitant surtout de la présence de Cole à ses cotés alors qu’ils discutaient l’un et l’autre de tout et de rien, jusqu’à ce que Cole s’arrête subitement, sous le regard interrogateur de June. Il l’avait alors mis au parfum rapidement: le planning familial. Contrairement à elle, il ne semblait pas vouloir penser à autre chose et le fait de devoir simplement attendre quelques jours pour être vraiment fixé sur l’état de June ne lui convenait pas. La jeune fille savait à présent qu’elle avait trouvé plus têtu qu’elle: de toute évidence, il ne lâcherait pas l’affaire. Elle qui voulait penser à autre chose… Mais bon. Autant donc le satisfaire sans râler, se disputer avec lui en pleine rue, elle n’en avait franchement pas envie. Et puis, d’un coté, elle pouvait le comprendre.
“T’as peut-être raison. “
Plus vite ils sauraient, mieux ça serait. Ou pas. C’est cependant sans grande conviction qu’elle poussa la porte du planning familial Là, elle avait expliqué sa situation, chance pour elle, un médecin était sur place, ce qui n’était généralement pas le cas. En tout cas, ça leur avait fait gagner un temps précieux, à elle et à Cole. Il n’avait évidemment pas pu rentrer avec elle chez le médecin, aussi, à peine sortie de son entretien avec lui, elle s’était empressée de le rassurer.
“ Tout va bien, d’après lui, c’est une fausse alerte. Il n’a rien vu. Je ne suis pas enceinte.”
En disant cela, tout le stress qu’elle avait éprouvé, elle le sentait s’en aller et s’en ressentait du coup beaucoup plus légère. C’était un soulagement. Certes, avoir des enfants, elle ne dirait pas non. Mais là, elle n’était tout simplement pas prête. Soulagée, elle avait prit Cole contre elle un instant avant de s’en écarter pour le laisser respirer et sorti avec lui du planning familial, en espérant ne plus devoir y remettre les pieds.
“ Je suis désolée, j’étais pas vraiment pour ton idée… Mais je suis soulagée au final d’y être passée et qu’on sache. Désolée du coup de t’avoir causé du souci pour rien. Je te promets d’être plus vigilante à l’avenir. J’ai l’impression parfois de te causer que des ennuis. Je crois que pour ça, je te dois bien une pizza, ou des pâtes, à la pizzéria, juste là bas.”
Elle la lui désigna d’un geste de main avant de reporter son attention sur lui.
“Ca te tente?”
Après tout, s’il voulait autre chose, pas de souci, ce n’était pas les restaurants qui manquaient par ici. Il n'avait pas pu manger à la cantine scolaire à cause d'elle ce midi, lui offrir un bon repas, c'était le moins qu'elle puisse faire, d'autant plus qu'il y avait fort à parier que ce serait leur dernière après midi à tout les deux avant qu'ils se fassent punir tout les deux pour avoir séché les cours de l'après midi.